Plus d’un véhicule immatriculé au Maroc sur trois est en ce moment même quelque part dans Casablanca. Les plans pour décongestionner la ville et y améliorer le confort des automobilistes et des piétons se succèdent, mais aucun d’entre eux ne promet des résultats à court terme. Il existe pourtant quelques mesures simples et peu coûteuses qui, cumulées, peuvent faire une différence.
Restreindre la circulation en journée de certains types de véhicules
Je pense bien entendu aux poids lourds, aux livreurs, aux convoyeurs de fonds, et aux collecteurs d’ordures. Restreindre leur circulation en dehors de la plage horaire 22h-6h permettrait d’éviter beaucoup de perturbations dues aux arrêts fréquents, et dans certains cas prolongés, de ces véhicules particulièrement lents et volumineux.
Redessiner les lignes d’autobus
Une ligne bien conçue permet à l’autobus qui l’emprunte de revenir à son point de départ sans jamais avoir à tourner vers la gauche.
Ils ralentissent le trafic en se positionnant sur la gauche avant l’intersection. Ils bloquent complètement la circulation en occupant les couloirs de gauche dans les deux sens de la circulation lorsqu’ils tentent d’opérer des virages à 90° ou plus.
Réglementer l’utilisation des ralentisseurs
Les dos d’âne et autres ralentisseurs ne sont pas les bons outils pour lutter contre les excès de vitesse sur les axes sous pression. Alors qu’ils pourraient sauver des vies devant des écoles, des hôpitaux et des arrêts de bus, de véritables fortunes sont dépensées pour les édifier là où ils sont le moins utiles.
L’absence de panneaux de signalisation force les automobilistes surpris à freiner dangereusement. Les dégâts matériels causés sont considérables et aggravés par le non respect des normes qui définissent les dimensions et les formes qu’ils peuvent prendre.
Faciliter l’orientation dans la ville
Je suis né à Casablanca, et j’y ai vécu une bonne partie de ma vie. J’ai pourtant pu vérifier avec un simple GPS que les itinéraires que j’empruntais fréquemment n’étaient souvent pas les plus courts. Peu de Casablancais savent par exemple que pour aller de Marjane Californie au centre commercial Morocco Mall, traverser le quartier El Oufla est beaucoup plus court que de remonter la route d’El Jadida pour rejoindre Hay Hassani.
Rares sont ceux capables de se situer avec aisance sur une carte de la ville. S’y repérer n’est tout simplement pas intuitif. Hormis sa taille et ses axes non rectilignes, les raisons sont multiples.
Il n’est pas rare qu’un continuum logique qui traverse la ville d’une extrémité à une autre soit divisé en 4 segments avec autant de noms différents. Deux exemples :
- Boulevard Felix Houphouet-Boigny, avenue Hassan II, boulevard Abdelmoumen, route de Taddart
- Boulevard du Lido, boulevard Ghandi, boulevard Modibo Keita, boulevard El Fida.
Il n’y a pas de panneaux d’indication en nombre suffisant pour réellement guider les Casablancais en tout point pour rejoindre les destinations les plus fréquentées de la ville.
Il n’y a pas le moindre investissement visible en cartographie. Nous devons les seules disponibles et suffisamment fiables aux bénévoles sur openstreetmaps.org.
Je vous laisse juger par vous-même de l’état du plan des lignes de Mdina Bus, qui semble convaincue que publier exclusivement sur Internet est le meilleur moyen de toucher sa cible.
Repenser l’utilisation des carrefours giratoires
Les carrefours giratoires sont — par abus de langage, ces ronds-points où la priorité est accordée aux véhicules déjà engagés. Contrairement à l’utilisation qui en est faite chez nous, il ne s’agit pas d’une alternative aux feux de signalisation.
Dans beaucoup de pays, ils sont utilisés en périphérie urbaine sur des intersections larges, avec des routes peu fréquentées et au trafic équilibré. En dehors du fait que le code de la route y soit continuellement violé, et à regarder de plus près leur conception dans Casablanca, on est en droit de se poser plusieurs questions.
D’abord, ils ne considèrent à aucun moment l’existence de piétons. Il y a bien des plantes, mais il n’y aucun passage clouté. Il est impossible de traverser sans prendre de risque.
Ensuite, il y a le stress sur les épaules du conducteur pour déterminer, sous la pression des klaxons incessants, le moment opportun pour s’engager. Un vrai cauchemar pour les jeunes conducteurs. Les chocs sont le plus souvent latéraux et peu dangereux, mais fréquents et avec des effets désastreux et prolongés sur la fluidité.
Il faudrait également que l’on m’explique la logique derrière l’existence de ralentisseurs à l’entrée comme à la sortie, obligeant les véhicules à freiner juste après une accélération importante pour s’engager dans le sens de la circulation, au lieu de dégager l’intérieur du carrefour le plus rapidement possible.
Rappelons pour finir que l’une des principales fonctions d’un feu de signalisation est de constituer une zone tampon en amont pour retarder le déversement d’un nouveau flux de véhicules sur une artère importante en aval. Par exemple, des feux sur le boulevard de Fès pourraient être utilisés comme une série de barrages afin de mieux contrôler la pression subie par le fameux carrefour Marjane/Sidi Maarouf.
Alterner le sens de la circulation sur les axes longitudinaux
Dans un post précédent, j’ai rapidement expliqué que la structure du réseau routier de Casablanca était schématiquement faite d’une succession d’axes longitudinaux, ceinturés par 4 anneaux latéraux.
Il faudrait sérieusement étudier la possibilité d’alterner le sens de la circulation entre les axes verticaux au delà du continuum Ghandi :
- ↑ Boulevard Anfa
- ↓ Boulevard Roudani
- ↑ Boulevard Abdelmoumen
- ↓ Avenue du 2 Mars
- ↑ Boulevard Mohamed VI
- ↓ Boulevard Ibn Tachfine
Dans cette configuration, on rejoindrait le centre ville par les boulevards Anfa, Abdelmoumen, ou Mohammed VI, et on s’en éloignerait en empruntant Roudani, 2 Mars ou Ibn Tachfine.
Avec un sens unique, ces artères seraient instantanément doublement plus larges, et disposeraient même de l’espace nécessaire pour la création de voies dédiées pour les autobus et les taxis, un véritable soulagement. L’élargissement des trottoirs pourrait à coup sûr avoir un impact positif sur l’activité commerciale qui y est déjà importante.
Des feux rouges synchronisés permettraient d’optimiser et contrôler avec beaucoup plus de granularité le nombre de véhicules arrivant au niveau des principales intersections avec les axes latéraux.